16 mai 2001. Demi-finale de conférence Est, match 5, First Union Center (Philadelphie).

iverson_carter, 2001En demi-finale de Conférence Est, les Toronto Raptors sont opposés aux Philadelphia Sixers. Cette série restera dans les mémoires comme étant l’une des plus belles des années 2000.

L’affrontement pourrait même se résumer en un duel entre deux gros scoreurs, Allen Iverson des Sixers et le Raptor Vince Carter.

La star de Philadelphie est le MVP de la ligue cette année. Il est logiquement dans le premier cinq NBA. De son côté, le jeune joueur prometteur de la franchise canadienne est dans le second.

Depuis le début de la série les deux All-Stars se répondent match après match.  La première rencontre voit Vince Carter inscrire 35 points et « The Answer » 36 points. Le match suivant, « Air Canada » marque 28 points mais Allen Iverson augmente son niveau de jeu et met 54 points. Vince Carter relève le défi et plante 50 points dans le « Game 3 » dans une salle de Toronto explosive. Il réalise un fabuleux 9/13 derrière l’arc (record de playoffs). Le match suivant, les défenses de chaque équipe s’adaptent mais Allen Iverson est à 30 points et Vince Carter à 25 points.

Philadelphie Sixers : L’année d’Allen Iverson.

Lors des playoffs 2000, les Sixers furent éliminés par les Indiana Pacers en demi-finale de conférence (4 à 2). Des tensions apparaissent au sein du groupe. Le coach, Larry Brown, demande à la direction de la franchise de Pennsylvanie de choisir entre lui et sa super star. Le président de l’époque, le fantasque Pat Croce, arrive à convaincre les deux hommes de travailler ensemble. Il entoure son joueur « All-Star » de joueurs de complément efficace, comme Tyronn Hill, Georges Lynch, Eric Snow…

Iverson, 2001Cette saison 2000/2001 est l’une des meilleures d’Allen Iverson, et ce même s’il subit la première blessure importante de sa carrière (fracture du bras). Lors de son retour, afin de soigner son coude droit, il devient le premier joueur à porter un « basketball sleeve » en compétition.

À la surprise générale, les Sixers commencent par dix succès consécutifs et à la mi-saison, les Sixers ont le meilleur bilan à l’Est avec 41 victoires pour 14 défaites.

Le All-Star Game a lieu au MCI Center de Washington, DC. Larry Brown est l’entraîneur de l’équipe de l’Est. Ses joueurs remontent un déficit de 21 points dans le dernier quart et l’Est remporte le match 111 à 110. Iverson est élu MVP. Et comme un clin d’œil, au moment de recevoir son trophée, les premiers mots de « The Answer » sont pour coach Brown.

À la fin de la saison, les Sixers sont à la première place de leur conférence avec un bilan de 56 victoires pour 26 défaites. C’est le deuxième meilleur bilan de la saison.

Allen Iverson est le meilleur marqueur de la ligue et est élu MVP de la saison régulière. Il est par la même occasion le plus petit MVP de l’histoire de la NBA. D’autres membres de la formation des Sixers sont récompensés cette saison. Dikembe Mutombo, acquis après le All-Star Week-end, est nommé défenseur de l’année. Il est également le meilleur rebondeur de la ligue avec une moyenne de 13,5 prises par match. Aaron McKie est élu meilleur sixième homme et Larry Brown est le coach de l’année.

Au premier tour des playoffs, les Sixers battent les Pacers de Reggie Miller. Les Sixers s’imposent 3-1 et affrontent au second tour les Raptors de Toronto.

En finale de conférence Philadelphie rencontrera les Bucks de Milwaukee. Lors du 7e match, Iverson inscrira 44 points et son équipe se qualifiera pour la finale NBA face aux Lakers de Los Angeles. C’est la première apparition en finale des Sixers depuis 1983. A l’époque, l’équipe a remporté le titre NBA  et était composée de joueurs légendaires tels que Moses Malone et Julius Erving.

Pour ce match 5 des playoffs 2001, Philadelphie devra se passer de Georges Lynch qui est absent jusqu’à la fin de saison. Il est remplacé dans le cinq de départ par Jumaine Jones. Un choix tactique est également à noter chez les Sixers. Eric Snow perd sa place de titulaire au profit d’Aaron McKie.

Toronto Raptors : le décollage de « Raptorville ».

Au Canada, où le hockey est une religion, il parait difficile pour une équipe de basket professionnelle d’exister. Cependant, l’engouement autour de la balle orange a progressé grâce notamment à l’équipe des Raptors du début des années 2000 menée par Vince Carter, « Air Canada ».

Il guida Toronto à ces trois premières participations en postseason. Mais c’est au cours des playoffs 2001 qu’il marqua les esprits.

Suite à leur élimination au premier tour des playoffs 2000, face aux New York Knicks, la franchise canadienne décide d’entourer Vince Carter de coéquipiers expérimentés comme Dell Curry, Mugsy Bogues, Mark Jackson, Charles Oakley, Kevin Willis, Antonio Davis ou encore Tyron Corbin. Cette décision s’avère payante puisque la saison suivante Toronto établit un record pour la franchise. Il termine cinquième de leur conférence avec 57% de victoires. Ce record sera dépassé lors de la saison en 2013/2014. En playoffs, les Raptors ont battu les Knicks de New York 3 manches à 2 lors du premier tour, avant de retrouver les Sixers en demi-finale. La ferveur autour des Raptors est grandissante.

Jerome Williams, coéquipier de Vince Carter lors de cette saison déclara : « Nous étions bons, aucune autre équipe de la ville n’était aussi bon que nous. Le niveau d’excitation, d’intensité, de participation des fans, c’était Raptorville. »

Allen Iverson - Vince Carter, 2001En 2000/2001, pour sa troisième saison en NBA, Vince Carter est à 27,6 points de moyenne par match, son record de carrière. Il a également été élu en tant que titulaire aux  All-Star Game 2001. Il multiplie les bonnes performances et son équipe est redoutée par ses adversaires. Il devient une icône.

Son impact se mesure sur et en dehors du terrain. L’influence qu’a pu avoir Vince Carter sur toute une génération au Canada est incroyable. Par ses dunks, ses shoots au buzzer, son style aérien, « Air Canada » a apporté cette excitation, cette envie pour tous ces jeunes de pratiquer du basket. Ce n’est pas un hasard si la NBA compte onze joueurs canadiens qui ont été draftés après 2010. Cette génération qui a grandi au début des années 2000 est aujourd’hui arrivée à maturité : Kelly Olynyk, Cory Joseph, Tristan Thompson, Anthony Bennett, Andrew Wiggins et les autres ont tous été inspirés par Vince Carter à un moment donné, c’était leur Michael Jordan à eux, leur héros. Sans lui, beaucoup de jeunes canadiens n’auraient sans doute jamais joué au basket, mais Vince Carter les a inspirés, leur a donné cet amour du jeu.

Kelly Olynyk qui a grandi à Toronto se rappelle bien du changement que Carter avait provoqué à l’époque : « Il a juste apporté toute cette excitation, cette passion, cet amour du jeu. On sentait qu’il y avait de l’excitation dans l’air, et l’atmosphère était incroyable. Deux ans après son arrivée, toute la communauté était excitée. Il a réellement emmené toute une communauté basketballistique au niveau supérieur. Les gosses avaient envie d’atteindre un super niveau. Vous savez, avoir une idole permet de vous fixer des buts et des rêves, et c’est très important. »

Le duel qui s’annonce entre « l’idole » Vince Carter et le MVP Allen Iverson est magnifique. La série est à égalité, deux victoires pour chaque équipe. Philadelphie a remporté les matchs 2 et 4. Les Raptors se sont imposés dans la première et troisième rencontre. Nous en sommes donc à la cinquième rencontre. Les « Game 5 » dans l’histoire de la ligue nord-américaine sont généralement des matchs pivot. Ils peuvent faire basculer une série. C’est donc dans une salle explosive que les deux franchises vont tenter de gagner ce match capital. Allen Iverson reçoit son trophée de MVP au début du match. L’ambiance monte encore d’un cran.

Au commentaire George Eddy et Bruno Poulain.

Boxscore du match.

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