Présentation du livre “The Life”.
Le 16 juin dernier est sorti LE livre sur sa Majesté. Décidément, Talent Sport gâte les passionnés de basket. Après la sortie de la traduction du livre de Phil Jackson en mai 2014, la maison d’édition spécialisée dans le sport nous propose cette fois-ci l’autobiographie du plus grand sportif de tous les temps : MICHAEL JORDAN.
A ACHETER D’URGENCE ! Grâce à cet ouvrage fleuve (720 pages) sorti en mai 2014 sur le territoire U.S., vous connaîtrez mieux la vie de Jordan que lui-même.
L’ouvrage (Best seller New-York Times).
« Michael Jordan : The Life » est la biographie définitive d’un athlète qui possédait tout : le sens du spectacle, la maîtrise des airs et une tech- nique parfaite. Rarement un sportif aura autant fait pour la popularité de sa discipline à l’échelle mondiale. Roland Lazenby retrace toutes les étapes de cette ascension fulgurante et étourdissante, en n’omettant aucun détail. L’enfance de Michael, son passage à l’université de North Carolina, son arrivée chez les Chicago Bulls, sa domination écrasante sur la Ligue nord-américaine, la « Dream Team » des Jeux Olympiques de Barcelone, son business, les affaires extra-sportives…
Une figure dont l’image a largement dépassé le cadre du sport. Le logo du « Jumpman » appartient désormais à la culture populaire. Michael Jordan a signé des actions tellement fabuleuses qu’elles ont laissé un surnom dans les livres d’histoire.
Mais ce descendant d’une famille de la plaine côtière de Caroline du Nord possédait une part d’ombre. « Sur le terrain, il est capable de t’arracher le cœur et de le manger devant toi », affirmait son coéquipier Orlando Woolridge. Pour la première fois, une biographie analyse la double nature de Michael. Et les répercussions de cette ambivalence dans son jeu comme dans sa vie.
Plongez dans l’histoire la plus fascinante du sport moderne. Vous saurez tout de Michael Jeffrey Jordan. L’acteur. L’icône. Et surtout l’homme.
AUTEUR : Roland Lazenby, journaliste sportif.
Roland Lazenby a consacré presque trente ans de sa vie à couvrir la carrière de Michael Jordan, de l’université à la NBA. Il a été le témoin de la transformation d’un bizut maigrelet en un athlète de légende.
En guise de conclusion, je terminerai sur les mots de Harry Edwards, sociologue :
« Si j’étais chargé de présenter à une forme d’alien le summum de l’humanité en termes de potentiel, de créativité, de persévérance et de volonté, je présenterais Michael Jordan. »
Pour les plus impatients d’entre vous, le prologue :
PROLOGUE
Le défenseur écarquille les yeux. Il est bien inspiré de le faire. Il est sur le point de faire face à cette sorte de magnificence kinesthésique qui poussa les hommes à inventer la technologie du ralenti – une chose, n’importe laquelle, qui leur permette de revoir exactement ce qui se produit quand le mouvement joue des tours à l’esprit. Le décor est malheureusement familier. Quelque chose dans la structure offensive n’a pas marché sous le panier adverse, générant une contre-attaque. Toute la défense se replie. Le défenseur a piqué un sprint pour revenir et lorsqu’il se retourne, il voit un flou. Une forme sombre en rouge a la balle, dribble et se faufile à toute vitesse à travers le chaos. Il fait passer la balle de sa droite à sa gauche puis l’élève de ses deux mains au-dessus de sa hanche dans sa foulée.
À cet instant précis, sa langue s’extirpe de son visage. Parfois, elle se montre discrètement entre ses dents mais à ce moment-là, elle tombe d’une manière grotesque, comme une poupée comique se riant de son défenseur. Cette expression comporte un caractère lubrique, obscène, comme si le dunk qui allait suivre n’était pas lui-même suffisamment insultant. Depuis l’aube des temps, les guerriers ont utilisé instinctivement de telles grimaces pour effrayer leurs ennemis. Peut-être y a-t-il de cela ici ou bien est-ce simplement ce qu’il a dit que c’était. Juste une expression de concentration prise à son père.
Quoi qu’il en soit, ce Michael Jordan de 22 ans est à présent d’une grande netteté, montrant sa langue à son défenseur comme s’il était lui-même Shiva, le Dieu antique de la mort et de la destruction, pénétrant la raquette. Tout aussi rapidement, la langue disparaît. Dans sa course, Jordan porte la balle à hauteur de son épaule gauche puis la fait pivoter devant son visage avec ses deux mains, alors qu’il quitte le sol juste en deçà de la ligne des lancers francs. La défense s’est jetée dans la raquette mais cette forme gracile est déjà dans les airs, flottant à travers eux, faisant passer la balle dans sa main droite de mammouth à l’approche du but. Alors qu’il plane en solitaire vers le cercle, son bras s’arme en un instant, comme un cobra prêt à mordre. Le temps semble suspendu tandis qu’il jauge calmement le final. Pour les spectateurs, le bruit si particulier d’un dunk est profondément excitant. Cela provoque une réaction pavlovienne, voire presque carnivore. C’est comme voir un lion dévorer une antilope sur la chaîne Nature.
L’arc de cette attaque décrivit une parabole d’apparence quasi parfaite, du décollage à l’atterrissage. Longtemps, des professeurs de physique et même un colonel de l’US Air Force ont mené des études poussées du phénomène pour tenter de répondre à la question qui obnubilait un large public : « Michael Jordan vole-t-il ? » Tous ont évalué son temps de suspension et déclaré que son vol était une illusion rendue possible par la quantité de mouvement produite par sa vitesse au décollage. Plus ils parlaient des extraordinaires muscles de ses mollets et de ses cuisses, de son centre de gravité, plus ils semblaient manquer d’air. Le voyage entier de Jordan, de la ligne des lancers francs jusqu’au cercle, dure à peine une seconde.
Oui, Elgin Baylor et Julius Erving étaient eux aussi capables de temps de suspension extraordinaires mais ils furent principalement en activité avant que la technologie de la vidéo ne permette au public de savourer leurs exploits. « Air Jordan » était quelque chose de complètement différent. Un phénomène de notre temps. Une échappée du passé qui semblait hors d’atteinte du futur. Des millions de gens qui pratiquaient ce sport, il était le seul qui pouvait voler. Jordan lui-même considéra la question pendant les premiers mois de sa carrière professionnelle, après avoir vu une vidéo de lui-même. « Est-ce que je volais ?, demanda-t-il. Cela y ressemblait sûrement. Au moins pendant un court instant. »
Les talents les plus rares sont comme des comètes traversant furtivement le ciel, aperçues seulement par la brillance de leur traînée lumineuse. La fascinante carrière de joueur de Michael Jordan a laissé les fans, les médias, ses anciens coaches et coéquipiers ainsi que Jordan lui-même dans l’incapacité de saisir ce qui s’était passé, des années après qu’il eût arrêté de jouer. « Parfois, je me demande ce que ça fera, plus tard, de regarder tout ça avec le recul, observa-t-il un jour, si cela semblera bel et bien réel. » Est-ce que cela a bien été réel ? Le temps viendrait où un Jordan grassouillet, aux traits tirés, se verrait la cible de moult moqueries et invectives sur Internet à cause de ses maladresses en tant que dirigeant ou de ses défauts personnels. Et pourtant, même cela ne put ternir la lumière qu’il avait projetée en tant que joueur, quand il était rien de moins que mystique.
Au début, il était simplement Mike Jordan, un adolescent de Caroline du Nord parmi d’autres, au futur incertain, envisageant un emploi dans l’armée de l’air après le lycée. Le début des années 1980 marqua sa surprenante transformation en Michael, l’archange des anneaux. Ce faisant, sa personnalité propulsa l’émergence de l’empire commercial de Nike qui fit très tôt de lui son jeune empereur, un rôle qui le libéra et l’emprisonna tout à la fois. Personne, semblait-il, ne pouvait faire quelque chose aussi bien que Michael jouait au basketball. « Son aptitude n’était dépassée que par sa confiance », nota Lacy Banks, chroniqueur sportif vétéran de Chicago.
Le basket professionnel avait toujours bataillé contre son image débraillée : des adultes se trimballant dans ce qui s’apparentait à des sous-vêtements. Mais Jordan éleva tout cela avec son « vol ». Cet élément « cool » qu’il apportait à ce sport était subtil au début. Très rapidement, il fit tourner la tête d’une audience de dimension mondiale, juste au moment où les programmes de la télévision américaine atteignaient l’apogée de leur influence. Pour toute une génération, son spot publicitaire pour Gatorade, si terriblement séduisant, devint une véritable bande originale, un mantra : « Quelquefois, je rêve qu’il est moi. Regardez comme je rêve d’être… Si je pouvais être comme Mike… »
La culture et la technologie l’avaient propulsé dans ce rôle sans précédent de dieu à la tête d’un empire sportif et marchand qui laissait à peu près tout le monde pantois d’admiration. Art Chansky, journaliste sportif et auteur de plusieurs ouvrages sur le basket, avait suivi Jordan à l’université de Caroline du Nord alors qu’il n’était qu’un joueur lambda. Il se souvenait de la surprise qu’il avait eue quelques années plus tard en allant le voir à Chicago. « J’ai été tout simplement époustouflé de voir l’effet qu’il produisait sur tout le monde au vieux Chicago Stadium, hommes ou femmes, lorsqu’il traversait les allées et circulait entre les sièges situés derrière le panier pour rejoindre le parquet. Vous savez quel salaire devaient avoir ces gens pour pouvoir s’offrir ces sièges, juste pour se trouver à quelques mètres de lui ? Je regardais leurs visages, j’observais comment ils changeaient radicalement. Il était perçu comme le Messie. Dans le vestiaire après le match, les journalistes avaient l’allure des douze apôtres autour de lui. » Le Messie, tout à fait. Cette vénération était devenue telle au fil des saisons que Tim Hallam, qui fut longtemps responsable de la communication des Bulls, en était arrivé à évoquer Jordan par le nom de « Jésus ». Hallam s’était un jour tourné vers un assistant et lui avait demandé : « Avez-vous vu Jésus aujourd’hui ? »
Cette évolution avait été propulsée par une bonne fortune qui semblait indéfectible. Ralph Sampson avait entretenu une rivalité mémorable avec Jordan à l’université, quand ils étaient tous les deux pressentis pour le titre de meilleur joueur universitaire national de l’année, et il avait suivi avec fascination l’ascension de son concurrent lors des décennies suivantes. Oui, Jordan avait toutes les qualités physiques ainsi qu’une incomparable éthique de travail, reconnaît Sampson, mais la chance omniprésente dont il bénéficia ne doit pas être ignorée. Il a été entouré par les meilleurs coaches et les meilleurs coéquipiers.
« Vous savez, il bossait dur et s’il n’était pas bon dans un domaine, il avait la motivation pour devenir le meilleur dans ce domaine-là, soulignait Sampson en 2012 dans une interview donnée la veille de sa propre intronisation au Hall of Fame. Mais il s’est également trouvé dans la bonne situation avec la bonne équipe, les bons coaches, qui ont vu son talent et qui ont bâti une équipe compétitive autour de lui. Je pense que c’est la combinaison de tout cela qui a fait de lui ce qu’il est devenu. »
Personne n’a été plus conscient que Jordan lui-même de l’extraordinaire enchaînement d’événements qui ont façonné sa vie. « Le timing fait tout », déclara-t-il à l’approche de ses cinquante ans. Cependant, le timing et la chance n’étaient que les fondations du mystère. Le psychologue du sport George Mumford a été subjugué la première fois qu’il a observé l’intensité mentale avec laquelle il s’investissait à l’entraînement, alors qu’il était âgé de 32 ans. Ayant eu connaissance de son grand appétit et de son faible besoin de sommeil, Mumford, qui venait tout juste de commencer à travailler pour les Bulls, a immédiatement suspecté que la star était maniaco-dépressive ou bipolaire ou peut-être les deux. « Il était frénétique, ne tenait pas en place, hyper énergique, m’a confié Mumford au sujet de cette séance d’entraînement. Je me disais : « Il ne peut pas soutenir une telle intensité. » »
Mumford pensait que Jordan se trouvait très probablement dans la phase maniaque du trouble bipolaire. Les personnes bipolaires connaissent des périodes de forte exaltation suivies de profondes dépressions. Pendant les semaines suivantes, le psychologue s’attacha particulièrement à relever des signes de dépression dans les phases d’éveil des périodes d’exaltation de Jordan. Après l’avoir étudié, Mumford comprit que l’implication émotionnelle et l’hyper compétitivité de Jordan étaient tout simplement son état normal. Ayant joué lui-même au basket à l’université du Massachusetts, où il était le compagnon de chambrée de Julius Erving, Mumford avait une solide expérience du talent d’élite. Il se rendit compte très vite que Jordan était tout à fait différent. La zone de haute performance que les autres athlètes se donnaient tant de mal à atteindre était quelque chose d’accessible à Jordan au quotidien. « Michael devait trouver quelque chose qui le motivait pour se mettre dans cet état, m’expliqua Mumford. Plus vous vivez de moments dans cette zone, plus vous en désirez d’autres. La plupart des gens ne peuvent endurer ça. Sa capacité à se maintenir dans cet état était quasi surhumaine. Il venait d’ailleurs, y’a pas de doute. » Et pendant les matches ? « Il était l’œil du cyclone, poursuivit Mumford. Plus les choses devenaient frénétiques, plus il était calme. »
Jordan passa tout le début de sa carrière à se demander comment dompter ces dons pour les utiliser dans un format d’équipe. Parce que plus tout, il voulait absolument gagner. Certes, c’était son « vol » qui avait tout d’abord capté l’attention des foules mais c’était son omniprésente compétitivité qui lui permettait de la garder. Bien vite, la fascination du public se porta sur son inébranlable volonté qui l’amena à tester tout le monde et à relever tous les défis tout au long de sa carrière. Il testait ses amis et ses petites amies sur le plan de la loyauté ; il testait ses coaches, ses coéquipiers, pour voir si leur esprit et leur cœur étaient suffisamment forts pour partager le parquet avec lui. Plus il accumulait, plus il testait. Il atteignit des sommets de dureté avec son entourage. James Worthy, son ami et coéquipier à l’université de Caroline du Nord, l’a décrit comme un tyran. Jordan l’a admis. « Je peux être dur », a-t-il reconnu en 1998. Mais plus que tout, il se testait lui-même.
Il semble qu’il ait découvert ce secret assez tôt dans sa vie de compétiteur : plus il accumulait de pression en lui-même, plus grande était sa capacité à s’élever pour la surmonter. Cela en arrivait à un point de très grande complexité. Tex Winter, coach assistant aux Chicago Bulls pendant une longue période et qui a travaillé plus longtemps que n’importe quel autre coach avec Michael Jordan, a confié qu’en soixante ans de basket, il n’avait jamais rencontré une personnalité plus compliquée. « En ce qui concerne la personnalité, c’est un cas. Vraiment, dit-il de Jordan alors que leur collaboration touchait à sa fin. Je crois que je n’ai pas l’intelligence pour saisir tout ce qui nourrit la sensibilité de Michael, ce qui fait de lui ce qu’il est. Je pense que je l’analyse plutôt bien mais c’est un homme mystérieux à bien des égards et je pense qu’il le sera toujours, peut-être même envers lui-même. »
Cette idée fut gravée dans le marbre en 2009 pour de nombreux fans par le discours détonnant qu’il tint lors de son intronisation au Basketball Hall of Fame et dans lequel il porta des jugements très durs sur de nombreuses personnalités de premier plan connues au cours de sa carrière, dont le coach de l’université de Caroline du Nord, Dean Smith. D’anciens collègues, des commentateurs des médias, des fans : tous ont exprimé leur surprise et leur stupéfaction à la suite de l’intronisation de Jordan. Il n’était pas celui qu’ils avaient cru qu’il était, ces années-là où son image semblait si parfaite. Ils pensaient le connaître. Mais ils ne le connaissaient pas.
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