Russie vs USA, Mondial FIBA 1994, Toronto SkyDome, 12/08/1994.

Le choc a été rude. A tout point de vue. Au niveau du jeu bien sûr, de l’impact culturel, de l’aura et donc du marketing, mais surtout dans les têtes de tous les joueurs de basket du monde entier : la Dream Team Américaine est la meilleure équipe de basket-ball de la planète. Celle de 1992, en tout cas.

Devant cette réussite totale, qui fera décoller le reste de la fusée NBA, David Stern et ses subalternes décident de reconduire l’expérience. La Dream Team II voit ainsi le jour et prend son envol pour le Championnat du Monde FIBA, disputé cette année à Toronto, au Canada.

Ce match entre les deux grandes puissances du basket que sont donc les États-Unis et la Russie, va décider de la première place du Groupe A, qui suite à une énième expérience du bureau de la FIBA, fait office de « tour quart de finale ». Ainsi, les deux premiers de chacun des deux groupes se positionneront directement en demi-finales.

Le Groupe B voit sortir la Croatie, amputée de son Mozart Drazen Petrovic et la Grèce, qui revient ainsi sur le devant de la scène.

La “Dream Team II” ou “Dream Team bis” ?

1994_BeckettAprès avoir envoyé les légendes Jordan, Magic, Bird & consorts, les Américains ont donc piochés dans leur incroyable réservoir pour servir une véritable Dream Team II.

Don Nelson, coach mythique aux 1335 victoires et 3 titres de « Coach Of the Year » est choisi pour emmener cette équipe, malgré un style controversé, fait de run & gun et d’un nombre élevé de possessions, méthode qui commence à souffrir face à l’émergence du basket défensif des années 90, âpre et rugueux.

Nelson aura le plaisir et le privilège d’emmener avec lui le « 13ème homme » de la Dream Team originale, puisqu’après une saison rookie de fort tonnage et alignant désormais des statistiques nucléaires (29 pts 13 rbds), Shaquille O’Neal revêt le jersey de Team USA. Le monstre est prêt à marcher sur le monde de la balle orange. Il est l’attraction numéro 1 de cette équipe.

Son back-up est aussi l’une des nouvelles coqueluches de la Grande Ligue. Alonzo Mourning est le complément parfait du (pas encore trop) gros Shaq. Derrière la puissance du mastodonte (21 pts 10 rbds 3 blocks), son énorme jeu défensif. Imparable au niveau FIBA.

Coleman, Kemp, Johnson... ça rigole, ça rigole...

Coleman, Kemp, Johnson… ça rigole, ça rigole…

Larry Johnson, son coéquipier à Charlotte va, lui, pouvoir montrer ses explosives qualités de dunkeur et exhiber son sourire en or au monde entier. Il va partager le poste de power avec le « RainMan », Shawn Kemp, lui aussi roi du dunk, et le talentueux mais sulfureux Derrick Coleman (20 pts 11 rbds à New-Jersey). C’est clinquant, ça va haut, ça score et c’est plutôt musclé à l’intérieur.

Pour driver l’équipe, le bureau de Team USA décide d’envoyer deux joueurs très différents, mais aux profils se complétant à merveille. Mark Price, le cerveau des Cavs (17 pts 8 ass) est ce qui se fait de mieux comme meneur gestionnaire, derrière John Stockton. Kevin Johnson, le all-star des Suns (20 pts 9,5 ass) est lui plus porté sur l’attaque du cercle, quitte à monter sur le dos du pivot qui se dresse devant lui.

Steve Smith, l’élégant meneur du Miami Heat pourra partager son temps de jeu entre la mène et les postes extérieurs. Son shoot soyeux lui donne un avantage sérieux dans le contexte FIBA. Ses collègues, Joe Dumars et Dan Majerle, eux aussi forts shooteurs amèneront surtout leurs qualités défensives et leur sens du collectif, qualités qu’ils mettent à dispositions des Pistons et des Suns tout au long de l’année. Mais les stars sur les postes extérieurs restent les Hall Of Famer Reggie Miller et Do Wilkins. Le jeu sans ballon du Pacer fait un carton dans le contexte FIBA et Wilkins devrait se faire plaisir grâce à ses qualités physiques (très) au-dessus de la moyenne.

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DREAM TEAM II : Coach Nelson, Shawn Kemp, Dan Majerle, Derrick Coleman, Mark Price, Steve Smith, Shaquille O’Neal, Kevin Johnson, Do Wilkins, Zo Mourning, Joe Dumars, Larry Johnson & Reggie Miller

Avec huit joueurs All-Star en 1994, Team USA envoie bien du lourd à Toronto. Et le match contre la Russie ne constitue pour eux qu’une étape de plus pour aller conquérir l’or mondial. Au premier tour, ils ont commencé doucement en dominant l’Espagne de 15 points, en laminant la Chine de +55 pts et en torturant le Brésil d’Oscar Schmidt de +23 pts. Mais au 2nd tour, la Dream Team II pose un terrible +56 pts face aux Australiens et démontent Puerto-Rico de +51 pts. La Russie est prévenue. La machine est en marche.

La Russie vice-championne d’Europe

Pour cette première place du « groupe A quart de finale », la Russie du grand Serguei Belov, impressionnante depuis le début du Championnat du Monde, va donc essayer de poser un exploit, même s’ils ne se font pas trop d’illusions… Avec 3 victoires aisées au premier tour (+21,3 pts en moyenne) et 2 autres démonstrations au tour suivant (+16 pts face à Puerto-Rico et +27 pts face à l’Australie), les Russes arrivent donc face aux USA, vice-champions d’Europe et invaincus jusque-là.

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Bazarevitch, la star Russe

Le moustachu Serguei Bazarevitch est la révélation de ce début de Mondial. Il dirige l’équipe d’une main de maître et son génie, que l’on a déjà pu deviner dans le (encore méconnu) championnat Turc, éclate à la face des observateurs.

A ses côtés, le scoreur prolifique Serguei Babkov en est seulement au début de sa carrière (il partira vers Malaga et la carrière espagnole à succès qu’on lui connaît après le Mondial) mais est déjà ultra-précieux. Il partage la ligne extérieure avec le géant Kissurin, jeune ailier de 2m07, dont le talent semble sans limite, mais qui décevra par la suite tant son potentiel était immense.

A l’intérieur, les Golgoths « Espagnols » Andrei Fetissov (Valladolid) et Mikhail Mikhaïlov (en partance pour l’Estudiantes Madrid) forment un duo musclé, puissant et ont tous les deux de bonnes mains pour finir dessous.

Sur le banc, on retrouve des joueurs qui deviendront les stars du basket Russe pour les prochaines années. Vassili Karassev, 23 ans, meneur scoreur du CSKA et Evgueni Pashutin (Spartak St Petersburg et actuel coach de l’Unics Kazan et de… la sélection Russe) sont déjà des assurances tout risque derrière Bazarevitch.

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Kevin Johnson a fort à faire avec le génial Bazarevitch

A l’extérieur, Serguei Panov (24 ans) possède déjà le jeu du vétéran que l’on connaît de lui. Il est un rouage essentiel du succès du basket russe des années 90. A côté de lui, le très jeune (20 ans) arrière du CSKA, Dimitri Domani qui fait un match énorme contre les Américains et l’anecdotique Igor Gratchev (Samara). Les remplaçants dans la peinture sont Vitali Nossov, monstre de 2m12 (Ljubljana) et Serguei Ivanov (2m05, Saratov).

Ce match où l’ex-empire soviétique défie l’ogre Américain pour tenter d’affronter la Grèce plutôt que la Croatie en demi-finales est commenté par Bruno Poulain et l’inimitable Georges Eddy.

Box-score du match.

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