Demi-finale, Championnats du Monde 1990, Buenos Aires, Argentine.

timbreLe championnat du Monde de ce début de décennie est organisé (pas très bien d’ailleurs) par l’Argentine. C’est l’occasion de voir pour la dernière fois une équipe américaine composée de joueurs “amateurs” provenant de NCAA. C’est aussi l’occasion de voir les champions d’Europe en titre, les yougoslaves, présenter sur la scène internationale pour l’une des dernières fois leur génération dorée, avant l’éclatement du pays. C’est l’un des derniers récitals du Mozart de la balle orange en compétition mondiale, Drazen Petrovic, avant d’être fauché par le destin trois ans plus tard.

Les américains n’impressionnent plus

Pourquoi tous les pays envoient des joueurs professionnels en compétition internationale, alors que les USA ne peuvent pas envoyer leurs joueurs NBA? En partant sur ce postulat, un accord est trouvé en 1989 pour qu’à partir des JO de Barcelone, les américains évoluant en NBA puissent participer aussi aux compétitions internationales. Bien que talentueux, les jeunes loups US manquent d’expérience, de vice. De plus, la défaite lors de la demi-finale des JO de Séoul en 1988 face à l’URSS est vécue comme un affront. En attendant l’arrivée de la Dream Team en 1992, les Etats-Unis envoient pour la dernière fois une équipe siglée NCAA,avec à sa tête Coach K, déjà habitué des compétitions internationales.

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Kenny Anderson

Et cette équipe américaine a malgré tout de la gueule! Plusieurs joueurs de l’effectif feront une carrière professionnelle solide par la suite, on peut citer dans le désordre Christian Laettner, qui sera le seul universitaire encore présent en 1992 avec la Dream Team, Chris Gatling et Billy Owens, futurs coéquipiers aux Warriors de Golden State, ou encore Bryant Stith, un futur pilier des Nuggets.

Les deux stars de cette équipe sont néanmoins le pivot Alonzo Mourning, et le meneur Kenny Anderson.

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Duel au sommet entre Zo Mourning et Vlade Divac

Alonzo Mourning est le prototype du pivot dominateur. Doté d’un sens du contre hors du commun, couplé à des qualités athlétiques et un toucher de balle exceptionnel, il est le digne héritier des pivots formés par John Thompson à Georgetown. Un big men à l’ancienne qui va régner sur les raquettes de la Grande Ligue pour les 15 années suivantes.

Kenny Anderson, est quant à lui un gaucher fabuleux manieur de balle, éblouissant en 1 contre 1, un pur produit du basket New-yorkais où il aura développé son jeu. Parti ensuite à l’université de Georgia Tech, il amènera les Yellow Jacket au Final Four 1990, perdant face aux futurs champions, les Runnin’ Rebels d’UNLV. Kenny Anderson sera drafté en 1991 par les Nets du New-Jersey, ou il retrouvera son adversaire du jour, Drazen Petrovic.

La génération dorée yougoslave

La Yougoslavie, championne d’Europe en titre nourrit de grandes ambitions pour ce championnat du Monde, à savoir ramener l’or. La force de l’équipe demeure un collectif infaillible, au service d’individualités exceptionnelles. Dusan Ivkovic est conscient “d’avoir la chance d’être le coach de la génération yougoslave la plus prometteuse“.

Et encore, la Yougoslavie se présente sans Dino Radja ni Stojan Vrankovic, tous deux blessés… Et pourtant, ces absences ne se feront pas ressentir tant la sélection est complète.

Toni Kukoc, qui domine l’Europe avec le KK Split toute la saison, est le patron de cette génération. Le meneur de jeu filiforme sait tout faire, et avec talent (16.3 pts, 5 rbs, 4,6 pds sur la compétition), il arrive à maturité et éclaire le jeu de main de maître. Il drive une équipe de joueurs altruistes, déterminés, travailleurs acharnés au service du groupe comme Jurij Zdovc, défenseur redouté par les meneurs adverses ou encore Zeljko Obradovic, sobre et rentable (71.4% de réussite à 3 pts sur le tournoi).

La Yougoslavie propose un basket total où chaque joueur est impliqué, ceci permettant de masquer la relative méforme des trois joueurs évoluant en NBA. Vlade Divac (Lakers), Zarko Paspalj (Spurs) et Drazen Petrovic (Blazers) sont arrivés à court de compétition et ont eu besoin d’un peu plus de temps pour trouver leurs repères et leur rôle au sein de la sélection. Ils sont ainsi montés en régime au fur et à mesure de la compétition, prenant leur pleine mesure à partir des matchs couperets.

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Drazen Petrovic, un talent trop tôt disparu

C’est encore plus flagrant pour le Mozart des parquets. Drazen Petrovic, relégué à un rôle mineur à Portland pendant la saison, redevient le go-to-guy de la yougoslavie, rôle qui lui sied à merveille, finissant meilleur marqueur de son équipe sur la compétition. Drazen Petrovic, c’est une forte personnalité, doublée d’un talent offensif unique, le genre de joueur qui ne doute jamais. Il livre lors de cette fin de tournoi une magnifique partition de sa symphonie inachevée…

Le match

Après trois victoires relativement confortables lors de la première phase de poule, les Etats-Unis disputent une deuxième phase plus relevée où ils écartent l’Argentine et l’Australie après des matchs au couteau, et butent face à leurs voisins porto-ricains, les révélations du tournoi. Ils abordent leur demi-finale face aux Yougoslaves sans réelles certitudes, d’autant qu’ils ne séduisent pas par le jeu proposé, et leur manque d’expérience leur joue parfois des tours. Néanmoins, même si seuls les JO ont de la valeur aux yeux des américains, les joueurs de Coach K veulent se montrer à la hauteur et justifier un statut de futures stars de la NBA.

La Yougoslavie quant à elle a semblé intouchable et impressionnante de facilité, malgré la défaite lors du premier tour face à Porto-Rico (encore eux!), due à un manque de concentration rendant fou furieux Ivkovic. Leur montée en puissance s’est faite tout au long du tournoi, et le deuxième tour a vu les plavi dominer leurs adversaires, dont l’URSS, futurs finalistes ou encore la Grèce. Opposés aux jeunes talents américains, les yougoslaves veulent montrer au monde entier que leur vrai adversaire, c’est les pros de la NBA, pas ces jeunes pousses encore trop tendres. Certains ont un statut à confirmer, comme Divac, qui vient de boucler une saison rookie prometteuse à Los Angeles, ou Paspalj, éphémère NBAer à San Antonio. Petrovic a pour sa part une revanche à prendre. Snobé par Portland qui l’a relégué à un rôle mineur, il veut démontrer toute l’étendue de son talent aux protégés de l’Oncle Sam.

Attention, voici un match référence pour Drazen Petrovic!

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Vlade Divac et Drazen Petrovic, once brothers

Aux commentaires Jean-François Chabot, Claude Boisseau et l’entraineur de l’équipe de France, Francis Jordane.

Box score du match

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