Russie vs Yougoslavie, Finale du Championnat du monde FIBA, Athènes, 1998.

Le lock-out NBA de cet été 1998 fait du dégât dans les rangs de Team USA (qui perdra cette année-là, le doux nickname de « Dream Team » IV). Rudy Tomjanovich ne pouvant emmener avec lui de joueurs de la Grande Ligue, en grève, construit alors une bande de commandos US, faite de joueurs NCAA, CBA ou évoluant en Europe : on y retrouve par exemple, Brad Miller (alors à Purdue), Trajan Langdon (Duke), les ex-joueurs LNB Wendell Alexis (Berlin) ou Bill Edwards (Roma) ou encore le top scoreur de cette team, Jimmy Oliver (joueur de Huelva en ACB). Un niveau de jeu agréablement surprenant, mais évidemment pas suffisant (de peu !) pour aller décrocher l’or. Ce Team USA finira 3ème du Mondial, en battant assez facilement la Grèce, chez elle, pour le bronze.

La finale de ce Championnat du Monde 1998 oppose donc 2 autres grandes nations du basket : la Russie et la République Fédérale de Yougoslavie.

La Russie séduit…

Les Russes de la légende vivante Serguei Belov (l’auteur du panier de la gagne contre les USA aux J.O. de 72) alignent cette année une équipe forte et ambitieuse.

Karasev 1998

Le génie Vassili Karassev et le scoreur « espagnol » Serguei Babkov sont sur les postes 1 & 2. A l’époque on fait difficilement mieux offensivement. Serguei Panov occupe le poste 3, avec un alliage quasiment sans faille de vitesse, d’adresse, de lecture de jeu, mais aussi de vice, de leadership et de moves inside qui lui permettent de dominer par séquences dans la peinture. A l’intérieur, on retrouve une étoile filante, Evgeni Kisurin, superbe ailier-fort de 2m07, dont la carrière ne sera pas aussi glorieuse que ce que l’on aurait pu imaginer à ses débuts, peut-être à cause d’un côté un peu « soft » (il finira à Antibes en 2005-06). Il est associé à un golgoth, au choix selon les matchs : Mikhaïl Mikhaïlov (Real Madrid), Igor Kurashov (CSKA) ou le jeune Nikita Morgunov.

Sur le banc, on trouve pêle-mêle, le cultissime shooteur fou Igor Kudelin, le métronome Zakhar Pashutin (Saratov et futur ASVEL 00’-01’), le superbe arrière-ailier du CSKA Dimitri Domani et quelques « babarovs » (copyright Jacques M.) du bout du banc, comme Nosov ou Kurasov, qui dissuaderaient n’importe quel kamikaze de s’aventurer dans la peinture. Le tout est encadré par l’expérience d’une légende de la grande URSS : Valery Thikonenko (champion olympique à Séoul en 1988, vice-champion du monde en 86 et 90, ou encore champion d’Europe 85 et argenté en 87).

Cette équipe médaillée de bronze à l’Eurobasket 1997 (où l’EDF décimée par les blessures, 10ème, vivra une vraie humiliation) est très séduisante. Elle a les moyens d’aller au bout.

Sergey Panov

Au premier tour, l’équipe Russe est déjà en compagnie de la Yougoslavie, dans le groupe B et elle perd la confrontation 74-82 (AP). Elle obtiendra la 2nde place du groupe, mais pulvérisera tous ses adversaires du 2nd tour (Italie, Grèce, Canada) pour s’emparer de la première place du groupe final.

En quart, la Russie écrase ses voisins Lituaniens (Jasikevicius-Karnishovas-Stombergas-Einikis) et retrouve donc Team USA en demi-finales. Le match est âpre et tendu. Les Américains vendent chèrement leur peau. La Russie arrache sa place en finale sur un dernier panier de Serguei Panov, 66-64. Et elle retrouve les Yougos pour jouer le titre.

… mais la Yougoslavie, à l’effectif effrayant, est revancharde

Techniquement parlant, les Yougoslaves se considèrent – au même titre que la Dream Team II, en Or au Mondial de Toronto en 1994 – comme les tenants du titre. En effet, l’embargo de l’ONU contre leur nation, les a empêchés de défendre leur titre, acquit en 1990, en Argentine. Ils sont revanchards et clament à qui veut bien l’entendre que cette compétition ne sera qu’une formalité. Et l’effectif, terrifiant, fait taire d’avance les détracteurs des Plavi.

Le déjà furieux Zeljko Obradovic conduit une équipe championne d’Europe en titre et programmée pour rafler la mise au Mondial.

Bodiroga & DjodjevicA l’arrière, « La Main de Dieu », Sasha Djordjevic qui évolue alors au Barça et le shooteur Miroslav Beric, qui quitte alors tout juste le Partizan pour Vitoria. Dejan Bodiroga– en transit du REAL vers la Pana – est le joueur dominant qui fait rêver l’Europe entière et… la NBA. Dans la peinture, deux joueurs aux doigts de fée, avec une combinaison de talent, d’intelligence de jeu et du vice nécessaire à ce niveau de jeu : Dejan Tomasevic et Zeljko Rebraca, qui finira dans le meilleur cinq de la compétition, tout comme son adversaire du soir Vassili Karassev.

Le banc Yougo est démentiel, jugez plutôt : Sasha Obradovic (Virtus Roma), Dragan Lukovski (Partizan & ex-EB Pau-Orthez) et le Parisien Nikola Loncar. Pour venir au relai de Bodiroga, Obradovic compte sur le jeune et talentueux Vlado Scepanovic (Buducnost Podgorica) et Milenko Tepic (Etoile Rouge). Et enfin deux monstres de rechange pour jouer quelques minutes dessous : Pedrag Drobjnak (qui quitte le Partizan pour Efes Pilsen) et Nikola Bulatovic (qui arrive lui, à Podgorica).

Monstrueux et sur le papier imbattable.

Le premier tour est une formalité et le Japon, la Russie et Porto-Rico sont balayés. Au second tour, les Yougos se font surprendre par des Italiens emmenés par Gregor Fucka et Carlton Myers et se retrouvent 2ème de ce groupe E, derrière… les Russes.

En quart, ils l’emportent 70-62 face à une prometteuse Argentine, où les jeunes Ginobili, Sconochini et Oberto ont séduit les observateurs. En demi-finale, un véritable combat les oppose aux Grecs qui, à domicile ne veulent rien lâcher. 78-73 après prolongations pour des Yougos qui retrouvent donc la finale, 8 ans après le Championnat du Monde Argentin.

Place à la confrontation : une finale d’anthologie s’annonce… un must-be-seen du Basket-ball FIBA.

Commentaires de David Cozette et Philippe Groussard.

Box score du match.

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