“Jordan”, le documentaire. Canal+. 1993.

Avant même de présenter ce merveilleux documentaire, je tiens à remercier le très généreux contributeur, sans qui cet article et l’interview qui suit n’auraient pas vu le jour. Merci Benoît, merci beaucoup! Quant à George, merci pour ta disponibilité et merci pour tout ce que tu as fait, et fais encore, pour la médiatisation du basket en France. Sans toi, c’est ce site qui n’aurait pas vu le jour.

Synopsis.
Octobre 1993. MJ prend sa retraite. En manque de motivation et d’envie, Michael raccroche, à 30 ans, alors qu’il vient de remporter son troisième titre de champion NBA de suite. Déjà auréolé d’une ribambelle de titres et récompenses individuelles, His Airness aurait pu tenter un nouvel exploit en remportant un quatrième titre de champion consécutif (seuls les Celtics ont fait mieux, avec huit titres de suite, de 1959 à 1966).
De son éviction de l’équipe de son lycée à l’annonce de sa retraite, “Jordan” retrace la carrière hors du commun du meilleur joueur de tous les temps.

Pour en savoir plus sur ce documentaire aussi méconnu qu’exceptionnel, diffusé peu de temps après la première retraite de Jordan, parole à Monsieur George Eddy, évidemment.

INTERVIEW.

– La réalisation de ce documentaire était-elle une demande de la chaîne ou une initiative personnelle ?

Un doc sur MJ s’imposait! On a tous eu l’idée en même temps!

– Que souhaitais-tu montrer à travers ce doc ?

Tout ce qu’on avait du plus spectaculaire dans nos archives sur MJ.

– Peux-tu nous présenter les personnes qui ont participé à la réalisation du documentaire ?

Moi, Olivier Barbarin, Thierry Burgalière, un autre assistant que j’oublie – ils ont tous fait de belles carrières -, les ingés son et les monteurs.

– Combien de temps a demandé la réalisation du documentaire ?

Un mois de boulot pour réunir les images, choisir les musiques et monter le doc. On a souvent fini dans la nuit. On était hyper-motivé !

– Lors de notre dernière rencontre, tu évoquais des problèmes de droits concernant les images utilisées. Peux-tu en dire plus ?

Plus de la moitié du doc était constituée d’images pour lesquelles on ne possédait plus les droits, sans le savoir, et Canal a payé des amendes à la NBA qui a fini quand même par dire que le doc était exceptionnel ! On l’a aussi envoyé à Jordan et il a trouvé ça très bien !

– En septembre 1990, lors de sa venue dans la salle Géo André, on te voit guider Jordan à travers la foule. Quel souvenir gardes-tu de cette journée mémorable ?

J’ai dû faire partir 8000 fans de trop par rapport à la capacité de la salle puis convaincre MJ de sortir des vestiaires car il avait peur d’être mangé vivant! Depuis ce jour il s’est toujours souvenu de moi!

– À la fin documentaire, lors d’une interview (en 1993, All-Star Game de Salt Lake City), MJ te dit qu’il n’y a qu’un seul Jordan et émet l’hypothèse qu’il y aura peut-être un jour un joueur meilleur que lui. Penses-tu que la NBA puisse accueillir un joueur plus fort que Jordan ?

Kobe et LeBron s’approche de Jordan comme MJ s’approchait de son idole Julius Erving.

– En conclusion, tu évoquais le souhait de revoir jouer Jordan. À l’époque, te doutais-tu qu’il reviendrait pour rajouter 3 titres de champion à son palmarès ?

À l’époque je croyais que c’était fini! C’est la raison pour laquelle on a fait le doc. Par contre, j’ai annoncé son retour six mois avant l’événement dans Mondial Basket grâce aux infos de Brad Sellers que j’ai croisé un jour à Coubertin qui me confiait que les Bulls allaient proposer 30 millions de dollars la saison à MJ, une somme inimaginable pour l’époque! J’en ai déduit que MJ n’allait pas refuser une telle somme et j’avais raison!

“Jordan”.

Quelques années plus tard, Canal signera un autre chef d’oeuvre : Planète Jordan.

Et parce que la B.O. est superbe… La Playlist.
Saison 1985 : Hot Thing, Prince.
Concours de dunk 1987 : Feel so high, Des’ree.
1990 : Don’t Lose My Number, Phil Collins.
Lakers – Bulls 1991 : Stay with me till dawn, Judy Tzuke.
Bulls – Blazers 1992 : Nagasaki, Les Tambours du Bronx.
Bulls – Knicks 1993 : Friends, Joe Satriani.
Présentation Bulls – Suns 1993 :  The Unforgiven, Metallica.
55 pts de Jordan vs Suns :  Carib Islander, Laurent Voulzy.
Générique de début et de fin :  To look for America, Checkfield.

BONUS. Petit retour sur l’annonce de la retraite de Michael Jordan dans la presse française. L’Humanité, 7 octobre 1993.

Michael Jordan ne se sentait plus à l’aise dans ses baskets

Le basketteur américain a annoncé hier qu’il ne jouerait plus. Marqué par le meurtre de son père, la vedette des Chicago Bulls quitte les terrains à trente ans et en pleine gloire.<br><br>

LA NBA sans Michael Jordan, difficile à imaginer. Pourtant, à trente ans et au sommet de sa carrière, le roi du basket-ball mondial a décidé de tirer sa révérence et de raccrocher ses «Jordan Air». L’assassinat de son père l’été dernier par de jeunes voyous l’a profondément marqué et semble être à l’origine de cette décision. Mais qu’il change d’avis dans un mois ou un an, ou qu’il reste retraité, Jordan a d’ores et déjà laissé une marque indélébile non seulement sur le basket mais sur le sport international dans son ensemble.

Qui peut en effet oublier cet athlète de 1,98 m, défiant les lois de la pesanteur? Ses acrobaties aériennes accompagnées de changements de main au millimètre et sa désormais légendaire langue pendante? Qui peut oublier son adresse parfois effarante avec de multiples séries à 50 points et plus par match? Ses trois titres NBA consécutifs, les sept de meilleurs marqueurs, les deux lauriers olympiques?…

Incroyable ascension pour le jeune Michael Jeffrey Jordan, avant-dernier d’une famille de cinq enfants, né dans la grisaille de Brooklyn avant de s’installer en Caroline du Nord. Là-bas, il assouvit d’abord une passion pour le base-ball avant de se consacrer au basket, dans l’arrière-cour avec un de ses frères et sur les play-grounds, où il s’initie aux joies du «dunk» (smash), du tir, du contre, rêvant d’imiter son idole Julius Ering alias «Doctor J».

La star est née au printemps 1962. A dix-neuf ans seulement, Jordan inscrit un panier à la dernière seconde de la finale universitaire offrant aux Tar Heels de Caroline du Nord le titre national. Deux ans plus tard, le jeune cocapitaine de la sélection américaine obtient la consécration olympique à Los Angeles avant de s’attaquer aux professionnels au sein des Chicago Bulls. La légende naît. En 1986, il réalise une saison remarquable: 3.041 points en 3.281 minutes passées sur les parquets! En 1988, il devient «Airness» en réalisant des figures époustouflantes au concours des «dunks». La légende grandit.

Les honneurs se multiplient, les sponsors se battent pour utiliser son nom, son image et l’argent afflue dans les caisses (25 millions de dollars en 1992, soit 137,5 millions de francs)…

Mais il manque l’essentiel: le titre NBA, l’un des plus enviés de la planète. Celui-ci viendra en 1991 face aux Lakers de Los Angeles de son ami Magic Johnson. Au terme d’un duel fantastique, les Bulls prennent le pouvoir et Jordan ne peut retenir ses larmes en serrant contre lui le trophée. L’année suivante, c’est le doublé face à Portland avant le voyage à Barcelone où, avec ses potes de la «Dream Team» (l’Equipe de rêve), il écrase le tournoi olympique pour recevoir une ovation du monde entier.

Jordan est maintenant sur le toit du monde. De Washington à Pékin, de Stockholm à Sydney, tout le monde connaît Michael Jordan. L’apothéose? Pas encore puisque la bande à Jordan relève le défi des Knicks de Pat Ewing puis des Suns de Charles Barkley pour réussir l’incroyable passe de trois.

La perfection? Presque, s’il n’y avait eu cette dette de jeu à un trafiquant de drogue en 1991, cette escapade nocturne dans un casino la veille d’un match et ce livre évoquant une passion maladive pour les paris et le jeu…

Pas suffisant toutefois pour ternir une légende.

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